Sorti vers Mars 2015, le Sena 10C est un appareil dédié aux motards qui combine à la fois les fonctions d’intercom et de caméra à moins de 400€ pour vous accompagner dans votre quotidien. Allons découvrir ça sur le terrain.
On commence par les présentations
Les spécificités du Sena 10C
Sur le papier, cet appareil a tout pour plaire ! Faisons le tour des choses essentielles qu’il propose histoire de vous mettre l’eau à la bouche.
C’est un produit totalement résistant aux intempéries, pas de caisson à ajouter. Aucun souci pour le câblage également, c’est bien pensé avec une sécurité anti-arrachement sous l’appareil.
Il est relativement compact (pour un appareil 2 en 1), esthétique et profilé pour ne pas poser de problème de prise au vent.
Côté caméra, jusqu’à 2 heures d’autonomie sont annoncées, nous verrons par la suite que c’est respecté dans la pratique à une condition. La résolution maximale est de 1080p à 30 images/sec ou bien 720p à 60 images/sec. L’angle de vue n’est que de 120° mais ce n’est pas si pénalisant que ça en a l’air sur le papier, même si on aurait apprécié un peu plus.
Il accepte des cartes micro-SD jusqu’à 32Go de capacité, ce qui offre déjà la possibilité de stocker environ 4h30 de vidéo en 1080p30, c’est plus de 2 fois l’autonomie de la caméra du Sena sur une seule carte.
Côté connectivité, il est compatible Bluetooth 4.1 pour se connecter à vos appareils. Cette norme vous offre une connexion fiable et de qualité entre l’intercom et votre Smartphone, GPS, … Elle permet aussi d’associer plusieurs appareils à la fois sans en utiliser un pour faire passerelle avec l’autre.
Il est capable d’enregistrer votre voix sur la bande son, mais aussi celle de vos correspondants (via le téléphone ou l’intercom) ou même la musique et la radio que vous écoutez. Ce sont des options personnalisables et indépendantes, soit via l’interface du logiciel PC (Windows ou Mac OS), soit via l’application Smartphone. Ce type de fonctionnalité intégrée est inédite, aucun autre appareil ne le propose à ce jour sans ajout d’un dispositif optionnel.
En terme de possibilités de l’intercom, vous pourrez garder contact avec votre compagnon de route sur une distance maximale de 1.6km théorique. Il sera possible, comme pour tous les intercoms de la marque, de l’associer avec la gamme Sena mais aussi avec les intercoms d’autres marques (1 seul correspondant à la fois). Il sera limité à 4 intercoms, là où le haut de gamme Sena 20S peut supporter jusqu’à 8 intercoms connectés.
A savoir qu’il est aussi capable d’un peu de reconnaissance vocale pour répondre à certaines fonctions simples.
Application smartphone et logiciel PC
À propos de l’application Smartphone, vous avez un accès direct à la notice rapide ou complète, ce qui est très bien vu. Jusqu’à il y a peu, elle n’était disponible qu’en anglais quelque soit la langue de votre firmware, mais la dernière MAJ de l’application a résolu ce bémol. Si le firmware du Sena est installé en français, vos notices seront en français également, très bien !
Tout est modifiable via cette application au même titre que sur le logiciel PC, c’est très pratique et clair en terme d’informations, notamment grâce à l’icône cliquable qui vous affiche les détails avancés de chaque fonction.
Malheureusement, quelques fonctions manquent à l’appel. Par exemple, il n’y a pas de retour vidéo possible sur le smartphone, que ce soit pour voir ce qui se filme en temps réel ou bien pour relire ce qui est stocké sur la carte. Impossible aussi de formater la carte micro-SD depuis l’application directement, vous devrez la retirer à chaque fois du Sena pour l’insérer dans un lecteur de carte. Imaginons que vous n’êtes pas chez vous et que vous avez oublié de formater la carte avant de partir… vous êtes bloqué si il n’y a pas de PC à proximité.
Contenu de la boîte du Sena
Tout ce qui est nécessaire est compris dedans, ou presque.
On y trouve l’appareil au-dessus et tout un lot de sachets hermétiques en dessous qui contiennent :
- 2 supports de fixation au casque – soit via une pince avec 2 vis (clé Allen fournie), soit via un collage 3M
- deux micros ; un petit à scratch pour casque intégral et un micro perche avec ses mousses pour un casque modulable ou jet
- les oreillettes avec différentes cales d’épaisseur
- une mousse pour améliorer la qualité audio et le confort
- tout un lot de patch 3M pour fixer les éléments
- et un câble de recharge PC et allume-cigare.
A noter que vous pouvez acheter en option deux types de télécommandes. La première, appelée Handlebar remote, se placera sur votre guidon comme son nom l’indique, et la seconde Wristband remote, à placer sur votre bras ou votre poignet. Les deux sont disponibles pour environ 100 euros pièce, ce qui n’est pas négligeable.
Installation dans le casque
Première chose que l’on remarque, c’est que vous n’avez pas le choix pour le côté où vous allez pouvoir le fixer sur votre casque. L’appareil ne peut techniquement se monter que du côté gauche. C’est en fait le meilleur endroit pour sa manipulation en tant qu’intercom puisqu’on est amené à y avoir accès beaucoup plus souvent que pour une caméra standard. Ça vous évite de lâcher la commande de l’accélérateur et du levier de frein avant, donc très bien pour votre sécurité.
Une chose un peu pénalisante à mon goût par contre, c’est qu’il ne peut être fixé qu’au bas du casque, même avec le support à coller 3M. Pourquoi ? Car le câble de l’oreillette gauche est trop court pour savoir remonter le Sena ne serait-ce qu’au niveau de votre visière, ce que je préfère habituellement pour avoir une vue plus juste de ce que perçoit le pilote, à hauteur des yeux.
Pour mettre en place l’appareil sur le support, vous viendrez le glisser puis vous brancherez les câbles via la prise propriétaire qui est sécurisée d’un clapet anti-arrachement. C’est une solution de fixation qui n’est pas dérangeante, mais certains auraient peut être apprécié que Sena reprenne pourquoi pas le même système que sur le modèle 20S, à savoir les câbles qui restent branchés sur le support directement et l’appareil qui fait contact automatiquement lorsqu’on l’enfiche.
Passé les premières minutes d’inspection, on comprend facilement comment monter le tout et vous n’aurez aucun mal à masquer les câbles.
Il n’a par contre pas été si simple de maintenir en place les oreillettes dans les emplacements prédécoupés de mon casque Scorpion Exo 500 Air, c’était un peu à l’étroit. Les oreillettes Sena sont les plus grandes que je connaisse, ça passe au millimètre dans ce casque.
Qu’en est-il à l’usage ?
Les manipulations à connaître
Il vous faudra bien quelques minutes de lecture et quelques heures d’utilisation avant d’avoir vraiment assimilé toutes les manipulations pour jouer avec mais dans l’ensemble je note que c’est quand même assez intuitif à l’usage. Le dépliant rapide permet de connaître l’essentiel et la notice numérique viendra à la rescousse au besoin.
La première chose, c’est que l’appareil n’est ni trop petit, ni trop grand. On le trouve sans trop de problèmes en tâtonnant et vos gants ne gêneront pas à presser sur les quelques boutons, sauf peut être pour certains modèles hiver particulièrement épais.
La deuxième chose, c’est que les boutons cliquables sont limités au nombre de 3 – le bouton supérieur, le bouton arrière et la molette cliquable – avec cette molette qui servira pour ajuster le volume, naviguer dans les menus ou chercher une station de radio.
Pour faire simple, le bouton supérieur vous sert aux fonctions de la caméra (l’allumer/l’éteindre, démarrer l’enregistrement, prendre une photo…), le bouton arrière permet de lancer la radio, basculer entre vos stations prédéfinies, utiliser l’assistant vocal du smartphone, valider un choix dans le menu… et la molette cliquable à lancer une recherche des fréquences radio ou encore répondre à un appel et lancer une conversation intercom par exemple. Je passe certains points volontairement, vous aurez tout le loisir de consulter la notice pour ça 😉
La partie vidéo du Sena 10C
Je vous le disais plus haut, son angle de vue de 120° est un peu faible, mais pas si pénalisant que ça. Certes on remarque que ça bouge un peu plus qu’avec d’autres caméras du marché mais la position de la caméra sur le casque fait que ce n’est pas trop gênant au visionnage. Un angle plus large aurait vite laissé trop apparaître le casque à l’image au point de devenir gênant, sauf à faire un système qui déporte davantage la caméra du casque mais au détriment de l’intégration et de la prise au vent. Donc pas de souci particulier pour moi sur ce point, d’autant plus que ça permet d’avoir beaucoup moins de déformation de l’image.
La lentille rotative vous permet d’ailleurs de corriger l’angle aux petits oignons (la ligne d’horizon) en fonction de la forme de votre casque.
En terme d’image à proprement parler, j’ai noté un bon respect des couleurs globalement, c’est relativement fidèle à la réalité sans être neutre toutefois, je m’explique.
Par exemple, les noirs qui ont tendance à virer un peu au bleu par moment, en particulier par temps ensoleillé. Aussi, une saturation excessive est visible mais elle n’est pas trop déplaisante. C’est souvent ce qu’on a tendance à ajouter de nous même en post-production pour rendre l’image un peu plus attrayante. Le contraste est également légèrement accentué mais modérément là aussi.
Pour ceux qui recherchent un maximum de neutralité ce sera peut-être pénalisant, car les informations perdues à cause de ce genre de réglage un peu trop poussé, ce n’est pas vraiment récupérable sur un fichier .MOV comme ça.
Disons que dans l’ensemble, je n’ai pas de gros reproches à lui faire sur ce point en terme de caméra de motovlogging, ça fait le job proprement.
La balance des blancs me paraît aussi très juste la majorité du temps, y compris en basse lumière, chose souvent critiquable chez certains concurrents.
Donc très bon point, d’autant plus que la qualité en basse lumière et de nuit n’amène que peu de critiques pour une caméra de ce prix (si l’on simule un tarif moyen intercom + caméra à moins de 400 euros). Pour dire, la qualité vidéo de nuit est meilleure que sur ma caméra personnelle Drift Ghost-S. Le bruit numérique (le grain, caractérisé par la montée en ISO) est très bien maîtrisé sur la caméra Sena 10C comme vous le verrez sur l’extrait vidéo en fin d’article.
Un point est par contre assez déplaisant selon moi une fois qu’on y prête attention, ce sont les changements d’exposition qui sont trop bruts, trop rapides. Regardez le sol et tournez la tête vers le ciel rapidement, vous allez voir que ça manque clairement de progressivité sur l’ajustement de l’exposition.
En terme d’autonomie, j’ai constaté que le Sena 10C tenait pratiquement les 2 heures en vidéo 1080p à quelques minutes près, comme c’est annoncé. Passé cette autonomie, seules les fonctions d’intercom restent disponibles pendant plusieurs heures encore.
C’est donc tout à fait correct, à savoir qu’on peut la recharger aussi pendant l’utilisation, via le câble allume-cigare extensible, ou mieux, via le câble USB connecté à une batterie externe que vous placerez dans votre veste moto.
Si vous combinez la vidéo + l’intercom, vous allez par contre tomber à 1h30 – 1h45 d’enregistrement vidéo avec la batterie intégré, d’où l’intérêt d’adopter une solution pour charger en permanence l’appareil et contourner cette limitation technique (sa batterie est non amovible je précise).
A noter qu’il vous sera possible d’enregistrer en mode tagging (la caméra filme en pernanence mais n’enregistre que lorsque vous cliquez sur le bouton – les 60 secondes précédentes + les 60 secondes « pendant » + les 60 secondes qui suivent) ainsi qu’en mode timelapse (prise de photos à intervalles réguliers).
La qualité audio des écouteurs
En ce qui concerne la qualité d’écoute d’une manière globale, il ne faut pas s’attendre à de la haute fidélité, c’est clair et net. On est plus proche de la qualité audio d’un miniposte radio premier prix qu’autre chose. Suffisant pour certains, frustrant pour d’autres… j’ai pour ma part un peu de mal à supporter cette qualité.
Ici, les aigus prennent vite le dessus lorsqu’on monte le niveau et les voix manquent de consistance. Pour le grave, pas de miracle… mais je m’y attendais car on peu difficilement faire quelque chose de propre avec des oreillettes si compactes, c’est normal. L’ajout d’un égaliseur dans l’application smartphone aurait été un plus, histoire de personnaliser le rendu un peu plus à son goût.
L’option « Booster audio » ne change pas significativement la donne. Du fait, mon astuce pour avoir un gain significatif à l’écoute c’est d’utiliser des bouchons d’oreilles comme les « Alpine MusicSafe Pro » qui filtrent bien les bruits perturbateurs dans le casque, ce qui me permet de moins monter le volume de l’intercom et donc de garder une qualité d’écoute plus agréable.
Il faut savoir que cela va aussi beaucoup dépendre de la qualité d’insonorisation de votre casque et de votre moto avec la protection au vent qu’offre votre bulle, ou encore des nuisances sonores de votre échappement. A moins de 70km/h ça reste globalement satisfaisant mais au delà ou sur autoroute je n’ai pas réussi à supporter l’écoute de la musique bien longtemps sans les bouchons d’oreilles.
La partie intercom du Sena 10C
Les pairages se sont tous faits sans souci pour ma part, que ce soit avec le smartphone, le GPS, ou un intercom. La notice rapide vous explique ça simplement et la reconnaissance se fait bien. Une fois pairés une première fois, c’est automatique les fois suivantes, vous n’avez plus à refaire la manipulation.
Un point très pratique à l’usage, c’est qu’un simple clic sur le bouton arrière du Sena 10C va lancer la reconnaissance audio de Siri (l’assistant vocal) si vous utilisez un iPhone par exemple. Il vous sera alors possible de lui demander d’appeler un contact comme vous pouvez le faire habituellement, ou même d’envoyer un sms sans jamais avoir à le manipuler.
Pour ceux qui n’ont pas de smartphone compatible, vous pouvez enregistrer jusqu’à 3 numéros de téléphone à accès rapide dans la mémoire de l’intercom.
La qualité audio lors d’un appel est très satisfaisante. Votre interlocuteur vous entend généralement très distinctement et sans même se rendre compte que vous êtes à moto si vous ne leur dîtes pas, malgré que j’entendais personnellement pas mal de vent dans le casque. L’option « Advanced Noise Control » y est en partie pour quelque chose, puisqu’elle filtre les bruits parasites pour ne garder que votre voix.
D’intercom à intercom, la qualité audio est correcte et vous n’aurez pas souvent à faire répéter votre collègue, sauf à « haute vitesse » à cause des perturbations du vent qui viennent brouiller un peu la conversation, la qualité audio s’en ressent surtout passé les 90km/h. En dessous, c’est assez compréhensible et sans souci. A voir en fonction de l’insonorisation de votre casque.
La portée est satisfaisante à condition de n’avoir aucun obstacle entre vous, sinon la communication est vite perdue même à faible distance. Idéalement, il faut toujours pouvoir se voir sur la route pour faire simple.
Edition de l’article suite au nouveau firmware
Il faut savoir que Sena a mis plus d’un an (!) à proposer enfin un firmware qui corrige le problème de micro trop sensible. J’ai pourtant insisté pendant des mois auprès de notre contact avant la publication de ce test mais rien n’a bougé, donc ma vidéo est réalisée à partir de l’ancien firmware (1.0.4) sans cette option primordiale du nouveau firmware ! (2.0)
Voici la nouvelle fonction que vous devrez avoir :
Celle-ci permet enfin de régler le gain du micro sur 3 niveaux différents alors que ce n’était pas possible précédemment.
Pour la faire courte, avant cette mise à jour importante, le son du micro saturait en permanence. C’était pour ainsi dire inexploitable sur la vidéo que l’on obtenait. La vidéo en fin d’article en témoignera et les nombreux retours clients sur les forums Sena l’attestent également.
Avec ce firmware 2.0 au minimum, on a à présent un son tout à fait propre en choisissant le réglage « faible ». C’est un sacré soulagement après des mois de bataille et ça en fait maintenant un bon compagnon pour le motovlogueur.
Le firmware est à télécharger sur cette page : http://www.sena.com/fr/category/firmware-fr/firmware-10c-fr/
Les coulisses
Il faut aussi savoir que la marque m’a envoyé trois appareils Sena 10C suite à deux retours successifs. Le premier reçu avait les fonctions d’intercom qui marchaient bien mais la caméra n’a jamais voulu enregistrer et la mise à jour du micrologiciel était impossible.
Le deuxième avait une sensibilité du micro vraiment trop importante et ma voix saturait affreusement en permanence, ce qui était en fait lié au problème du firmware à l’époque.
Et enfin le troisième qui m’a été envoyé comprenait un sachet optionnel de bonnettes micro de meilleure qualité (ref 10C-A0109), plus épaisses et plus denses pour mieux filtrer le son. Mais là encore, l’appareil n’est pas sans défaut puisque la partie droite de l’image présente un défaut de mise au point assez visible comme le montre l’extrait visible en cliquant ici. Tout ce qui est très proche est net, et tout ce qui est loin est flou. Uniquement sur la droite.
Bilan : 3 appareils différents, aucun n’est sans défaut. Je me mets à la place des clients, c’est dommage.
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