L’éternel besoin du Trailliste est de trouver le bon équipement à tout faire, à l’image de sa moto. On ne cesse de le répéter mais finalement, tout est une question de compromis. Avec les bottes O’Neal Sierra Pro 2019, la marque d’origine américaine lance sur le marché un modèle mixte pour les motards routiers mais amateurs de chemins offroad roulants.
Après 3 mois d’essai passés avec ces dernières, il est temps de vous livrer mon avis. Le compromis est-il intéressant ? A qui s’adressent-t-elles vraiment ? C’est à ces questions que je vais répondre dans ce test complet après avoir pu les emmener aussi bien sur route qu’en tout-terrain 🙂
Présentation des bottes O’Neal Sierra Pro 2019
Proposées en 2 coloris, marron ou noir, les O’Neal Sierra Pro ont fière allure d’un point de vue design. Je vous l’accorde, elles se rapprochent davantage de bottes touring que de bottes tout-terrain, au moins sur toute la partie basse. Est-ce un reproche ? Non, simplement une constatation et un petit indice du public visé avec ce modèle. La marque a beau être plus connue avant tout pour ses bottes de type enduro/cross, elle a néanmoins un savoir faire qu’il est appréciable de retrouver sur ce segment.
La tige en cuir synthétique est soigneusement agrémentée de quelques renforts dont certains motifs peuvent rappeler le matériau carbone, notamment du côté du talon et des 2 boucles de fermeture micrométriques en aluminium. L’effet est plutôt réussi à mon goût. Cela reste une touche d’originalité assez discrète qui atténue le côte « plastique » de ces éléments proéminents.
Côté renforts justement, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très épais et robuste, mais plus à des zones raffermies et épaissies en TPU injecté afin de limiter l’impact des chocs en utilisation tout-terrain (et pas seulement d’ailleurs). Une petite protection tibia est bien présente, ainsi qu’un renfort au talon, une protection au niveau du sélecteur de vitesse, et enfin un insert en acier dans la semelle.
Le tout est certifié CE EN 13634:2017 de niveau 2. Plus précisément, le niveau 2 est atteint pour leur résistance à l’abrasion et à la rigidité latérale, mais il est de niveau 1 pour la résistance à la perforation/coupure.
Pour continuer sur l’aspect extérieur des bottes, on retrouve une semelle moulée et bien crantée pour favoriser l’accroche en toutes situations. Ce choix plutôt que des semelles cousues participe également à l’efficacité de l’imperméabilité dont elles bénéficient. Une très bonne chose pour cette gamme de prix.
A l’intérieur, le rembourrage est très superficiel sur la partie haute mais épais et très agréable sur la partie basse, d’autant plus que la forme des bottes est très anatomique. Ces O’Neal Sierra Pro bénéficient aussi et surtout de semelles moulées 3D particulièrement moelleuses et accueillantes. Cela présage du bon pour la suite !
Disponibles du 39 au 47 avec un prix public de 199,99€, O’Neal joue clairement la carte de la compétitivité en restant sous la barre psychologique des 200€ avec ces bottes imperméables et au look « typé Adventure ». Voyons ce que cela donne à l’usage.
Le test des bottes O’Neal Sierra Pro, quel compromis ?
Un niveau de confort honorable
A l’enfilage, on ressent effectivement une certaine rigidité typique à ce type de bottes mixtes. Mais ne vous y fiez pas de trop puisqu’elles ne disposent pas de système d’articulation évolué avec buttées afin de préserver ce sentiment dans le temps. Le matériau fini toujours par s’assouplir au fil des mois pour devenir de plus en plus souple et confortable, au détriment du maintien de vos chevilles.
Cela dit, bien que ce fut le cas ici, le cuir synthétique qui constitue leur base a l’avantage de rester plus rigide dans le temps que le cuir naturel, et c’est très bien ainsi pour conserver une tenue acceptable et durable.
Le confort de marche par exemple, qui n’était franchement pas à la hauteur les premiers temps, est devenu plus agréable par la suite. Les plis des bottes à la flexion du pied me procuraient même une certaine douleur près des malléoles, mais cela a totalement disparu après le premier mois d’utilisation. Bien que dans l’ensemble, le confort de marche n’attendra pas celui des bottes en cuir, on ne peut pas tout avoir.
Pour compenser cela, les deux points les plus appréciables de ces bottes sont le confort procuré par les semelles de propreté très qualitatives et le fait que la coupe de la botte maintienne idéalement le pied à l’intérieur. Un vrai travail a été réalisé sur ces points et cela se caractérise à la fois par un excellent maintien car aucun flottement n’est perceptible (la pointure habituelle me convient), et par un amortissement de qualité qui ne m’a de ce fait jamais occasionné une quelconque fatigue à ce niveau.
A noter que ce sont des bottes avec un bout de pied assez fin qui ne posent pas le moindre mal à passer les rapports comme cela peut être le cas sur des bottes Adventure plus haut de gamme. Le pied passe très facilement sous le sélecteur de vitesse sans avoir à le relever plus qu’avec d’autres bottes Touring.
Des boucles robustes mais pas sans faille
Les deux boucles de fermeture en aluminium à réglage micrométrique assurent un serrage efficace en combinaison du grand velcro en haut des bottes. Ces boucles sont robustes et faciles à manipuler à l’usage mais il y a une faiblesse regrettable que j’ai pu constater au fil des mois : une fois fermées, celles-ci prennent peu à peu du jeu jusqu’au point où elles se stabilisent et n’en prennent plus. C’est à dire qu’il y a de 3 à 5 millimètres de flottement, une zone neutre dans laquelle elles n’ont aucune action en position fermée. Ceci dit, elles ne risquent pas pour autant de s’ouvrir en cours de route puisque le mécanisme reste suffisamment ferme pour éviter cela, soyez rassurés.
J’ai particulièrement rencontré ce désagrément sur deux d’entre-elles suite à une sortie tout-terrain boueuse après laquelle j’ai laissé les bottes sécher avec les boucles en position fermée. Le lendemain, plus moyen de les ouvrir. L’astuce consisterait tout simplement à mouiller la zone pour ramollir la terre qui s’était infiltrée dans le mécanisme, mais j’ai voulu tester la résistance des boucles en forçant jusqu’à parvenir à les ouvrir ainsi. Étant donné que c’est une languette en plastique qui fait office de résistance, l’épaisseur de la terre sèche a augmenté sa courbe de flexion et l’a un peu déformée.
Ces 2 boucles ont donc pris un peu plus de jeu que les 2 autres mais cela m’a permis d’attester de leur robustesse.
Imperméabilité approuvée !
Point très important pour tout motard qui compte les emmener au quotidien ou presque : l’imperméabilité, qui répond présent sur ces O’Neal Sierra Pro. En effet, je n’ai jamais pu les mettre en défaut sous des pluies de faible ou de forte intensité même après 2 heures d’affilée. A savoir que ces bottes mesurent 35cm de haut pour une membrane d’étanchéité qui atteint les 21cm.
Pour pousser le test à son maximum, j’atteste que patauger un moment dans de grosses flaques d’eau ne les fait pas percer, et garder les pieds 1 petite minute dans 15cm d’eau d’une marre donnera au pire une sensation d’humidité. L’eau ne s’y infiltre pas significativement même dans ce cas.
Si l’infiltration d’eau ne leur fait pas défaut, il en est malheureusement à peu près de même pour l’évacuation, ou plutôt la respirabilité. J’ai globalement de meilleurs sensations de respirabilité dans des bottes en cuir véritable qui me font moins transpirer. La période de canicule durant laquelle j’ai pu les mettre à l’épreuve ne leur a pas fait de cadeau, cela a pu jouer dans la balance.
Le tout-terrain avec les O’Neal Sierra Pro
Leur rigidité à la flexion atteint un niveau très acceptable pour des bottes mixtes grâce au cuir synthétique épais et aux quelques renforts. Même après plus de 3 mois d’essai, les O’Neal Sierra Pro conservent un maintien efficace de la cheville aussi bien en flexion avant/arrière qu’en rigidité latérale. C’est une bonne chose à signaler, même si l’on est loin des performances des bottes tout-terrain dignes de ce nom.
A côté de cela, les quelques renforts en TPU sont vraiment trop légers pour envisager de prendre des risques dans des chemins bien techniques en tout-terrain. Je peux écraser le bout du pied, le renfort du talon et du tibia sans grand mal avec une seule main. C’est plus de l’ordre d’une rigidité accrue que d’une solidité à toute épreuve.
Ces protections apportent aussi et surtout de quoi protéger les bottes sur des zones d’impact stratégiques pour leur éviter de se marquer et se détériorer après seulement quelques sorties offroad sérieuses. Les semelles robustes ne craignent pas non plus les repose-pieds tout-terrain sans revêtement en caoutchouc. Évidemment, les chemins roulants ne leur font pas peur et c’est exactement à ça qu’elles se destinent en tout premier lieu.
De même, vous ne craindrez pas de rayer le cadre ou les carénages de la moto en position debout puisque les bottes sont garnies d’un velours synthétique pare-chaleur sur la face interne. Chose qui arrive très vite avec des bottes enduro qui ont en général une zone en caoutchouc, certes plus adhérente.
Point positif à signaler, le cuir synthétique ne demandera aucun entretien particulier après l’eau, la poussière et la boue. Un chiffon microfibre et de l’eau claire feront l’affaire en quelques minutes et vous êtes tranquille, contrairement au cuir qui nécessite une attention plus spécifique pour espérer le conserver en bon état et avec une belle patine à long terme.
Note : toujours à moins de 200€ mais plus protectrices pour une utilisation tout-terrain engagée, la marque propose également les bottes cross O’Neal RMX, cependant non étanches et avec des semelles moins crantées.
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