Me voici de retour pour le test d’un casque dual-sport, un segment qui se veut être le compromis idéal pour les motards aventuriers en recherche de polyvalence pour leurs sorties route et hors route. Voilà maintenant près de 3 mois que je brave toutes les conditions avec ce casque sur la tête, voici mon avis sur le Suomy MX Tourer 2018.
Jeune société italienne née en 1997, Suomy a d’abord fait ses preuves dans le monde du sport moto et signé un partenariat avec Ducati trois ans plus tard. Mais ce n’est qu’en 2013 que la marque développe 4 modèles plus variés, dont le MX Tourer, un casque Adventure au look très affirmé.
Qui plus est, nous avons droit à 2 coloris bien sympathiques pour cette année 2018, à savoir le Desert Red et le Desert Yellow aux motifs camo que je vous affiche ci-dessous. Ces nouveaux coloris viennent s’ajouter aux 5 pré-existants qui sont les Plain White, Plain Black, Plain Black Matt, Road Orange et Road Yellow.
Comptez 409€ (prix public) pour les 3 coloris unis et 459€ pour les 4 autres.
Pour ce test, c’est le Desert Yellow qui était à l’honneur. Un coloris plutôt flashy et funky qui vous apporte une certaine visibilité en agglomération. Le jaune attire le regard à proximité, ce n’est pas la première fois que je le constate ^^
Les couleurs jaune et noir semblent être une base de peinture, alors que le camo est un fin autocollant. Le tout étant recouvert d’un film protecteur transparent.
Faisons le tour des spécificités du Suomy
Le MX Tourer c’est quoi ? C’est avant tout un casque léger avec seulement 1250gr à +/- 50gr, ici vérifié à 1279 grammes sur la balance en taille M avec la casquette et la visière, et 1200 grammes sans la casquette. Ce faible poids est rendu possible par l’adoption d’une calotte en Tricarboco, autrement dit une combinaison de fibres de Kevlar, Carbone et Aramide. Cette conception avec différents grammages permet un gain de poids et une grande résistance aux chocs. Ça annonce la couleur !
La coque intérieure moulée en EPS multiple-densités est disponible en deux tailles (M et L) et dispose de grands canaux de ventilation pour une bonne circulation d’air et pour chasser au mieux l’humidité. C’est un casque qui promet d’être au plus près de votre morphologie et avec un confort accru pour 6 tailles au total qui vont du XS au 2XL.
L’intérieur en tissu Coolmax actif est bien entendu démontable et lavable.
Côté écrans, la solide visière claire est traitée anti-rayures et anti-buée de base, nous verrons plus loin ce qu’il en est en terme d’efficacité par rapport au célèbre double écran Pinlock.
Et malgré le poids très contenu, on se réjouit de la présence d’un écran solaire rabattable, ce qui est pour moi un indispensable même si le casque dispose d’une casquette.
Enfin pour les ventilations, il présage à la fois du bon mais surtout un gros point faible. La ventilation au menton ventile vers l’intérieur de la visière, et les couloirs d’air très profonds au dessus du crâne sont alimentés par les ventilations et extracteurs d’airs supérieurs. Le souci, c’est que toutes ces aérations sont ouvertes en permanence, il n’y a pas la possibilité de les fermer au choix. Umm…
Le renfort au menton remonte suffisamment pour se passer d’un cache-nez dédié, mais on note aussi que ce casque ne dispose pas de bavette anti-remous.
Que vaut le Suomy MX Tourer à l’usage ?
Les premiers instants, aspects pratiques
Avant de partir, choisissez d’abord le style que vous voulez lui donner en fonction du parcours. La casquette lui apporte sans conteste une fière allure mais elle deviendra votre ennemie si vous partez pour un long trajet uniquement route/autoroute. Prenez donc soin de l’enlever à l’aide de l’outil fourni, puis de mettre en place les 4 petits caches plastiques dédiés (et autant de vis) pour finir le casque et surtout garder une bonne capacité de ventilation sur le dessus du crâne. On obtient alors un casque avec un tout autre style que j’aime beaucoup !
A ce propos, il ne faut pas hésiter à appuyer fort sur les deux plastiques supérieurs afin d’entendre un « clic » franc au niveau de la petite grille métallique. Si ce n’est pas clipsé, la visière frottera dessus lors de son ouverture, au risque de la griffer. Ça, c’était pour la conversion en casque route. C’est très simple, même si on peut regretter d’avoir recours à un outil.
Par contre dans le sens inverse, il m’a été impossible de retirer les deux longs plastiques supérieurs à la main. Je me faisais clairement mal au doigt et rien ne venait alors même que je tirais tellement fort que la pièce pouvait casser à n’importe quel moment. Vous vous souvenez du « petit clic » dont je parlais plus haut… c’est lui qui retient tout. Je respecte bien entendu la manipulation préconisée par la notice.
Au final, j’ai été obligé de faire levier avec un large tournevis plat et en y laissant quelques marques du fait… C’est vraiment incompréhensible d’avoir autant de mal pour quelque chose qui pourrait être si simple, la vidéo en témoignera. Aussi, les vis sont relativement fragiles, l’empreinte s’abîme assez vite et l’une d’elle est inutilisable puisque je l’ai probablement trop serré lors d’une précédente conversion. Donc allez-y doucement !
J’aurais franchement préféré des vis à main que l’on ne serre que modérément car la petite clé allen fournie est trompeuse en terme de force de serrage, en plus d’être indispensable pour faire la conversion.
Pour continuer dans la difficulté, essayons de retirer la visière principale pour le convertir en un casque allégé et plus typé enduro avec l’utilisation d’un masque de protection, ou pour un gros nettoyage par exemple.
Le système est complexe et fragile à la manipulation. Il faut se munir d’un fin tournevis plat pour faire sauter les petits caches en plastique de chaque côté de la visière. Et là, on risque franchement de casser cette pièce tellement elle tient en 3 fines pattes en plastique bien fermes. J’y ai personnellement laissé des petites traces et un début de casse, mais c’est franchement inévitable. Vous le constaterez en photos et en vidéo également.
Ensuite, il faudra un tournevis à empreinte BTR pour détacher la visière du casque, mais celui-ci n’est pas livré dans la boite par contre. Vous allez me dire, on peut laisser la visière principale sur le casque en position ouverte et quand même passer le masque de cross. Et je vous répondrais : oui, mais…
Le masque de cross passe sans problème mais le système de rotation de la visière ne permet pas de pouvoir la fermer par dessus l’élastique du masque, même partiellement. Elle restera donc ouverte en permanence et ne sera d’aucune utilité, comme par exemple pouvoir la fermer sur les portions de route un peu longues entre deux chemins, ou pour le trajet maison/point de départ. Chose qui était possible avec d’autres casques Adventure que j’ai précédemment testé sur le site.
On prendra donc de préférence le masque de cross dans le topcase ou dans un sac si le trajet route est trop important jusqu’au point de rendez-vous pour la balade tout-terrain.
Pour revenir sur des points positifs, l’intérieur est très agréable au contact de la peau, les mousses sont douces et ne pressent pas exagérément sur les joues en particulier. De même, la partie autour des oreilles est très dégagée, on ne ressent aucune gêne. Il y a la place pour y mettre des oreillettes d’intercom moto par exemple.
Aussi, je n’ai eu aucun mal à porter des lunettes de vue durant mes trajets avec ce casque. Il est optimisé pour ça et ça m’a bien dépanné lorsque j’ai du porter des lunettes pendant 1 mois suite à un petit incident, alors que je porte habituellement des lentilles de contact.
Et puis cette légèreté… on l’apprécie immédiatement lorsqu’on l’enfile sur notre tête. Par expérience, je me suis rendu compte que l’aérodynamisme d’un casque prévalait sur sa légèreté, mais c’est quand même mieux quand on peut allier les deux n’est-ce-pas !
A noter que les mousses sont principalement maintenues par des boutons-pression et qu’il est vraiment très facile et rapide de tout enlever et inversement, ce qui est loin d’être toujours le cas. Bon point.
Mon avis en tout-terrain
Très vite, ma première interrogation allait vers le système anti-buée. Verdict : il ne m’a pas déçu. On a clairement un traitement efficace qui tient sans problème la comparaison à un Pinlock, j’en ai été le premier surpris. J’ai ainsi pu vagabonder dans les chemins +/- roulants tout en gardant la visière fermée à de nombreuses reprises et sans voir mon champ de vision s’obstruer. Pour vous dire, j’ai eu ce casque à l’essai en pleine saison d’hiver comme en témoignent certaines images, le test est donc d’autant plus concluant.
La visibilité est d’ailleurs au rendez-vous comme c’est le cas avec la grande majorité des casques de ce type. L’imposante visière claire offre un champ de vision panoramique pour apprécier les paysages reculés et chaque obstacle à venir dans les chemins 😀
On manipule la visière avec facilité de la main gauche (pas de prise à droite) grâce au relief en plastique, vissé sur cette dernière. Les crans de la visière sont très peu prononcés donc c’est plutôt agréable en tout-terrain je trouve.
Côté ventilation, j’ai trouvé ça très satisfaisant sans être exceptionnel. La ventilation au menton permet de garder de l’air frais à l’intérieur du casque mais de manière indirecte puisqu’elle ventile vers le haut, sur la visière. Le flux d’air n’arrive donc pas droit vers votre bouche ou votre nez, mais plutôt comme une petite brise. Cependant, je n’ai jamais éprouvé de sensation d’étouffement en tout-terrain même à vitesse moyenne. L’absence de bavette anti-remous aidant sûrement aussi.
Les ventilations au sommet du crâne font le job. Là non plus je ne ressens pas d’air frais avec un gros débit de manière sensible, mais pour autant je n’ai jamais eu à me plaindre de chaleur excessive dans des conditions normales de roulage, preuve que ça circule bien là haut dans les grands couloirs d’air.
Son faible poids est un avantage tout particulier lors des longues sessions tout-terrain. On l’appréciera surtout lors des longs weekend et autres off-roadtrip pour épargner les cervicales. De mon côté, je ressens déjà l’agrément sur des sorties tout-terrain mouvementées d’une journée, même si j’avoue ne pas être particulièrement sensible sur cette partie du corps pour le moment.
Pour parler d’un point qui divise souvent parmi les motards, je vais revenir sur le système de fermeture de la jugulaire.
On a ici une boucle double-D qui demande donc à être manipulée sans gants, ou assez fins. Pour les sessions tout-terrain (et j’insiste), je trouve ce système franchement gênant dans la mesure où on aime faire des pauses plus ou moins fréquentes mais courtes, ou aller dépanner un collègue dans la galère tout en sachant que ça peut prendre plusieurs minutes. C’est très répétitif avec nos grosses machines ^^ Du fait, devoir enlever les gants et perdre systématiquement quelques secondes à manipuler cette boucle, j’ai toujours trouvé ça pénible à la longue.
Ce n’est pas le premier casque du genre que j’utilise et ce n’est pas une question d’habitude, mais bien une question de praticité. Je trouve ça beaucoup plus agréable de manipuler une boucle micrométrique dans ce genre de conditions, pour sa rapidité et sa simplicité même en gardant les gants enfilés.
Enfin, je vais parler de sa résistance aux agressions du tout-terrain.
J’ai trouvé qu’il était peu sensible aux multiples passages sous les branches dans les chemins étroits, je ne distingue aucune marque significative malgré les nombreuses fois où ça a tapé et raclé assez nettement. Le peu de marques que l’on peut voir en jouant avec la lumière sont vraiment superficielles et bien normales, donc bon point.
Concernant la visière, ce n’était pas voulu mais j’ai eu l’occasion de constater sa haute résistance. J’ai reçu un cailloux d’environ 1,5cm à pleine puissance droit dans la visière. Ça a claqué assez méchamment mais heureusement rien n’a cassé, et mieux, je n’ai pas retrouvé la moindre trace visible ! Vous verrez la séquence en vidéo, quoi de mieux que des exemples concrets pour le valider 😉
Mon avis pour la partie route
Pour la route, je l’ai donc testé aussi bien avec que sans la casquette, pour des trajets de 15min à 1h15mm d’affilé. Parfois sur des grosses journées tout-terrain de plusieurs heures mais avec des pauses, donc ça compte pas 😀
A aucun moment je n’ai ressenti de pression au crâne qui montrerait que c’est un casque typé pour une morphologie particulière. Le Suomy offre réellement un bon niveau de confort avec ses mousses douces et moelleuses, je n’ai pas eu à m’en plaindre. Même la jugulaire dispose de longues portions de mousse pour ne pas la ressentir plus que ça.
Pour l’insonorisation, c’est dans la moyenne de ce type de casque, c’est à dire relativement mauvais. Il y a plusieurs explications à cela.
Déjà la casquette, qui apporte forcément sa petite prise au vent et donc ses nuisances sonores. C’est supportable à 90km/h mais un peu moins au delà. Pour les longues portions autoroutières, je ne saurais que trop vous conseiller de porter des bouchons d’oreilles pour épargner votre audition à terme, et de retirer la casquette si vous n’aviez pas prévu de session tout-terrain ce jour là.
Autre chose, c’est l’absence de bavette anti-remous. En mettant ma main à ce niveau du casque, je ne constate pas de différence notable.
Enfin, le plus critique selon moi, c’est le fait de ne pas avoir la possibilité de fermer les ventilations. Avec ou sans bulle de protection, la ventilation au menton n’apporte aucun bruit parasite, par contre celles au dessus du casque en sont clairement responsables. Il suffit que j’y mette ma main pour grandement atténuer le volume sonore à l’intérieur du casque, le verdict est sans appel.
Là où le Suomy MX Tourer se rattrape, c’est pour sa prise au vent assez faible pour la catégorie. La casquette est assez bien étudiée pour ne pas trop tirer sur les cervicales à 90km/h et pas beaucoup plus à 110km/h. Je n’ai pas la sensation de luter contre les forces de la nature, même si j’avoue que cela fait une nette différence en l’ayant retirée du casque. A ce niveau là, la polyvalence du Suomy est bien réelle, ce n’est pas qu’une question de style. Mes trajets sans la casquette ont clairement gagné en agrément.
La différence de poids n’est que de 79 grammes je rappelle, donc négligeable de ce côté là.
Quant à la ventilation, et bien malheureusement c’est là que ce casque va perdre pas mal de points. Un casque Adventure se doit d’être polyvalent, c’est-à-dire pensé aussi bien pour le tout-terrain que pour la route et peu importe la saison. Hors, le Suomy n’offre pas la possibilité de fermer les ventilations, ce qui m’a valut une sacrée fraîcheur pour les trajets routiers en cette saison hivernale vous l’imaginez. Heureusement que je ne suis pas frileux, mais quand même !
La plupart d’entre-vous préféreront enfiler une cagoule sous le casque pour se couper du vent. N’étant pas fan de cette solution, je me suis contenté d’un tour de cou que je remontais devant la bouche, le froid ambiant me gardant bien éveillé et attentif, c’est un mal pour un bien ahah
D’un autre côté, ça m’a aussi permis de bien ressentir encore une fois que le flux d’air offert par ce casque n’est pas agressif mais bien présent tout de même. Donc prometteur pour les périodes plus chaudes je n’en doute pas.
En parlant de chaleur, on en vient au soleil, plutôt rare ici dans le Nord en cette saison. Et donc ? C’est le moment de parler de la visière solaire rabattable bien sûr ^^
Son assombrissement est plutôt faible. C’est à mon goût l’idéal pour l’utiliser fréquemment dans l’année et pas juste lors des journées très ensoleillées, mais elle montrera ses limites face à un soleil éblouissant.
La manipulation de son levier se fait aisément même avec des gants épais grâce à sa taille et sa forme bien étudiée. C’est juste un peu perturbant de devoir le pousser vers le haut pour descendre la visière et non l’inverse.
Là où je suis moins convaincu, c’est par le fait qu’il manque un bon centimètre pour tomber totalement dans notre champ de vision. Je suis pas mal gêné par le fait qu’elle soit un peu courte, au point de me faire loucher sur la zone de transition avec/sans visière solaire…
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